Notre dernière interview sur les teintures de l'année 2016 se terminera par une invitation au voyage en Asie du Sud-Est, grâce à Mani-Samouth qui a eu l'amabilité de se prêter au jeu de notre questionnaire.

 

Bonjour, pourriez-vous vous présenter ?

Bonjour, je m'appelle Mani Samouth et je suis originaire de Louang-Phrabang au Laos. J'ai une formation en Anthropologie et m'intéresse particulièrement à l'ethnobotanique.

 

Qu'est-ce qui vous a amenée à vous intéresser aux teintures de plantes, et à les réaliser vous-même ?

Ayant vécu dans plusieurs pays d'Asie, je suis sensible depuis l'enfance aux senteurs de mon environnement tropical, celles des fleurs, des fruits, de la terre moite après la mousson, des jeunes pousses de riz.

Par ailleurs le banjoin (Styrax tonkinensis) fait partie de mon héritage familial, car mes arrière-grand-père et grand-père paternels faisaient le commerce, entre autres produits forestiers du Laos, de cette résine, et fournissaient des parfumeurs de Grasse jusque dans les années 1960. Le benjoin du Laos se caractérise par un parfum suave, doux et sucré.

Teinture de styrax tonkiensis, benjoin du Laos ou benjoin du Siam, auteur : Mani-Samouth Doré

Teinture de benjoin du Laos, styrax tonkinensis, ci-dessus

Vous souvenez-vous de la première teinture que vous avez réalisée ?

D'un point de vue olfactif, je n'étais pas satisfaite de l'huile essentielle de benjoin achetée dans le commerce. J'ai donc fait un essai de teinture de benjoin. Cette expérience ayant donné de bons résultats, j'ai poursuivi l'élaboration de teintures avec d'autres plantes locales.

 

Où avez-vous trouvé les informations/ la formation pour vous guider ?

Au cours de mes séjours sur le terrain, j'ai récolté plusieurs recettes traditionnelles de teintures. Ces connaissances ont été mises en pratique grâce à différentes formations, notamment celle du GIE Plantes Infuses, dans le village de Sainte-Croix-Vallée Française, dans les Cévennes.

 

Quels types de teintures faites-vous le plus souvent et dans quel but ?

La teinture de benjoin qui entre dans la composition de baumes et d'eaux parfumées.

 

Olfactivement, quelle est votre teinture préférée ?

Le benjoin du Laos et l'Aegle marmelos qui a des notes d'orange amère confite.

Mani-Samouth Doré et sa photo de teinture aegle marmelos

Photo ci-dessus, teinture en cours de macération d'aegle marmelos ou fruit de Bael

Pourriez-vous nous raconter votre recette ?

Dans 1 litre d'alcool de riz à 70 C, laisser macérer à l'abri de la lumière pendant 1 mois 1 kg de larmes de benjoin du Laos préalablement concassées et réduites en poudre. Filtrer.

 

Résines, aliments, plantes plus ou moins sèches, alcool plus ou moins fort, durée de macération, renouvellement, filtrage, conservation, etc. Pas si simple... Quels conseils donneriez-vous à un débutant pour gâcher le moins de matière possible ?

Commencer par de petites quantités et consigner toutes les recettes et leurs modifications. La qualité de l'alcool de macération permet aussi de réduire les risques de perte.

 

Dans quels types de préparations utilisez-vous vos teintures  ? Et dans quelles proportions  ?

Dans les baumes pour leurs qualités thérapeutiques, et dans la composition des eaux parfumées.

Teinture de café des Bolovens, photo de Mani-Samouth Doré

Photo ci-dessus : teinture de café des Bolovens

Un grand merci Mani-Samouth pour vos réponses et pour vos photos !