J'espère que vous parcourrez et apprécierez la formidable mine d'informations que Christophe Bernard met à disposition du public sur son site internet. Qui plus est, nous oublions un peu les parfums pour faire un voyage au pays des plantes qui guérissent !

Un grand merci à Christophe pour ce partage.

 

Bonjour, pourriez-vous vous présenter ?

Je m'appelle Christophe Bernard et je suis herbaliste, un terme qui nous provient de l'anglais et qui signifie "thérapeute qui conseille les plantes", à contraster avec l'herboriste qui les vend. J'ai passé 15 ans de ma vie aux Etats-Unis où j'ai étudié les plantes. Je suis de retour en France depuis 2010 et je m'investis aujourd'hui dans de multiples activités. Je suis toujours thérapeute, mais j'acris aussi pour des magazines sur les plantes (Plantes et Santé, Plantes et Bien-Etre), j'enseigne à l'Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales et j'ai lancé un programme de formation en-ligne. Je cueille les plantes dans la nature et je les cultive dans mon jardin. Et bien plus encore, je me présente en détail sur mon site AltheaProvence où je partage mon expérience.

Christophe Bernard Althéa Provence

Qu'est-ce qui vous a amené(e) à vous intéresser aux teintures de plantes, et à les réaliser vous-mêmes ?

J'ai commencé comme thérapeute, mais je me suis très rapidement intéressé à toutes les étapes de récolte et transformation de la plante. J'ai donc exploré de nombreuses recettes, de la teinture au sirop, à la gélule, en passant par le macérat huileux, l'onguent et autre. La teinture est le procédé de transformation que j'ai le plus exploré pour la raison suivante. On se ballade un jour et on tombe sur un magnifique champ de millepertuis, ou d'arnica si vous habitez dans les montagnes, ou n'importe quelle autre médicinale. La plante est belle, pleine de vie. On en remplit un panier, et là, on se dit la chose suivante : "comment vais-je immortaliser cette force de la nature dans toute sa fraîcheur ?". Certes on peut faire sécher la plante, mais au plus elle reste sur une étagère, au plus elle perd ses constituants. La teinture nous permet d'immortaliser la plante et de garder sa vitalité pendant des années. C'est ça qui m'a séduit.

Vous souvenez-vous de la première teinture que vous avez réalisée ?

Cétait une teinture de millepertuis. Moment magique : de belles fleurs jaunes à peine cueillies, fraiches et juteuses à souhait. Un alcool de grain pur à 96°. La rencontre des deux est étonnante. Je place la plante dans un grand bocal, je verse l'alcool, et dans les minutes qui suivent, le jaune vif se transforme en rouge sang. Chimie, alchimie, transformation des couleurs, transfert des constituants. La plante donne, l'alcool reçoit et nous transfère l'énergie de la plante.

Teinture millepertuis photo Althea Provence

Photo : teinture de millepertuis (hypericum perforatum)

Ou avez-vous trouvé les informations / la formation pour vous guider ?

J'ai énormément défriché par moi-même, par mes expérimentations, par mes succès et mes erreurs. J'ai eu la chance de me reposer sur les épaules de géants, en particulier Michael Moore de la Southwest School of Botanical Medicine, qui a développé une base de savoir sur les teintures assez extraordinaire. Tout est partagé sur mon site, je suis contre la rétention d'information. De nombreux collègues m'ont dit "tu donnes trop, tu ne gardes rien pour toi, tu vas te faire dévaliser ton savoir". Je dis prenez, réappropriez-vous ce savoir, il n'est pas à moi. Réapprenez à fabriquer vos propres produits, reprenez votre santé en main.

Quelle source (livre, site internet, blog, stages...) recommanderiez-vous pour enrichir sa culture "teintures" ?

J'hésite à le dire car les lecteurs vont croire que je suis en train de faire ma propre promotion. Mais ceux qui me connaissent savent que je n'ai pas la grosse tête. Je dois dire que c'est probablement mon livre "recettes secrètes de mon herbaliste" et mon site AltheaProvence qui de loin donne le plus d'information du coté français.

Quels types de teintures faites-vous le plus souvent et dans quel but ?

Toutes les teintures que je fabrique ont un but thérapeutique pour moi ou mes proches. J'ai réalisé des centaines de teintures de plantes différentes, fraiches ou sèches. Celle que je fais le plus souvent est celle d'échinacée car je cultive la plante et je peux préparer une teinture de racines fraiches pour passer un hiver sans trop de problèmes. La plante est une excellente stimulante du système immunitaire.

Echinacée pourpre la fleur   Echinacée pourpre racines   Echinacée pourpre teinture de racines

Photos : échinacée pourpre (echinacea purpurea), la fleur, la racine, et la teinture de racines.            

Olfactivement, quelle est votre teinture préférée ?

Il y en a plusieurs et j'aurais bien du mal à trancher. La teinture de mélisse fraiche, de matricaire fraiche, de basilic sacré frais, et de monarde rouge pour n'en citer que quatre.

Pourriez-vous nous raconter votre recette...

Pour la plante fraiche, je suis une méthode assez traditionnelle qui consiste à rajouter 200 ml d'alcool variant entre 75° et 90° pour la plante fraiche (selon le degré d'humidité) pour chaque 100 g de plante coupée finement. La macération dure une dizaine de jours, une durée suffisante pour que l'alcool ait fait son travail de déshydratation sur les cellules de la plante qui sont gorgées de jus.

Verveine coupée pour teinture Althéa

Photo : verveine (verbena officinalis) coupée finement avant teinture

Pourriez-vous SVP détailler la notion de degré d'humidité et de % d'alcool en fonction (ou un lien direct vers une page de votre site ?)

Au plus une plante est fraichement coupée, au plus elle contient de l'humidité dans ses cellules. L'alcool ayant un effet déshydratant très fort, cette eau va être irrésistiblement attirée par l'alcool, les cellules de la plante vont s'ouvrir et le précieux liquide va se retrouver dans l'alcool. Par contre, la quantité d'eau va diluer l'alcool et donc faire baisser son pouvoir d'extraction. Au plus la plante est fraiche, au plus le degré d'alcool doit être élevé. En suivant les proportions indiquées sur mon site, c'est à dire 200 mL d'alcool pour 100 g de plante, il nous faut un alcool au moins à 80° pour la plante fraiche, parfois 90° pour une plante très juteuse.

Résines, aliments, plantes plus ou moins sèches, alcool plus ou moins fort, durée de macération, renouvellement, filtrage, conservation, etc. Pas si simple... Quels conseils donneriez-vous à un débutant pour gâcher le moins de matière possible ?

Une grande partie de mon site est consacrée à répondre à ce genre de questions. Je vous invite donc à aller l'explorer. J'explique les techniques de macération de la plante sèche ou fraiche, j'ai des tables spécifiant le degré d'alcool en fonction du taux de résine de la plante, j'explique la technique de percolation de la plante sèche, j'explique la fabrication d'un extrait fluide, 5 fois plus concentré qu'une teinture. Bref, il y a de quoi passer quelques week ends ! Plus d'informations ici :

http://www.altheaprovence.com/produits produits -a-base-plantes/                                                   

Mini presse végétaux teintures Althéa Provence          Filtre Althéa Provence interview Christophe Bernard

Photos : la presse et le filtre

Dans quels types de préparation utilisez-vous vos teintures ? Et dans quelles proportions ?

Je les utilise pure dans un peu d'eau, en interne ou appliquées en externe pour certains problèmes articulaires ou musculaires.

Une petite recette ?

Un excellent mélange pour les problèmes de retour veineux. Mélangez dans un flacon compte goutte :

  • 20% de teinture de marron d'inde
  • 20% de teinture d'hamamélis
  • 30% de teinture de fragon
  • 30% de teinture de vigne rouge

Prenez 30 gouttes dans un peu d'eau 2 à 3 fois par jour lorsque vous avez des problèmes de jambes lourdes, pendant les jours chauds par exemple.

Fragon teinture Althéa Christophe Bernard

Photo de fragon

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http://www.altheaprovence.com

Les photographies de cet article ne sont pas libres de droits, elles proviennent du site http://www.altheaprovence.com avec l’aimable autorisation de Christophe que nous remercions.