Les beaux jours de la fin du mois d'avril m'ont donné l'opportunité de me rendre dans le sud de la France, à l'Isle sur la Sorgue, à la rencontre de Roseline Giorgis.

Roseline est cultivatrice de roses de Mai, appelées aussi roses "centifolia" en raison du grand nombre de pétales de la fleur, ou roses "de Grasse", s'agissant bien de notre capitale mondiale de la parfumerie, où cette rose est cultivée usuellement, pour en extraire une absolue rare et précieuse ainsi qu'une eau florale.

La particularité de Roseline, outre le fait que ses rosiers centifolia sont cultivés dans le Vaucluse (donc finalement pas si loin de Lyon), est le développement d'une nouvelle rose centifolia, la Baptistine, suite aux recherches de son père Baptistin Giorgis, disparu prématurément.

En plus d'un accueil chaleureux, cette femme authentique et passionnée m'a fait l'honneur d'une petite interview.

Roseline Giorgis portrait

Roseline Giorgis, cultivatrice de roses centifolia Baptistine et Présidente de l'association Rose des Arts.

Bonjour Roseline, comment décrivez vous votre activité professionnelle aujourd'hui ?

"Bonjour,

Mon parcours est atypique. Destinée à devenir parfumeur, ma passion pour l'art et la recherche m'ont tracé une carrière de créateur tour à tour dans le design, la peinture, jusqu'au brevet d'obtention d'une fleur d'exception.

La rose centifolia Baptistine que mon père, parfumeur Grassois, avait entrepris de chercher et que j'ai labellisée puis mise en culture à un niveau professionnel en étudiant au passage la permaculture biologique. Ceci a permis de proposer au public un jardin harmonieux plus qu'une exploitation agricole, où l'étude du rendement se fait en biodiversité dynamique avec, autour des roses, toutes sortes de plantes aromatiques et médicinales que nous avons prélevées dans la nature et apprivoisées en se cultivant (en cultivant les plantes, on se cultive soi-même !)... Pour aboutir à ces jardins de la Rose et du Parfumeur sur 2 ha, ouverts au public, présentant 200 végétaux d'origine sauvage méditerranéenne avec leur fiche identitaire sur un parcours de promenade botanique."

Présentez-nous votre rose, la rose centifolia Baptistine : ses caractéristiques, son histoire...

"La rose Baptistine est une vraie Rose de Mai centifolia de 108 pétales, très odorante, dans la lignée des roses Provençales cultivées au XVIIIème siècle, disparues à la suite d'un fléau bactérien vers 1800.

Joséphine de Beauharnais la recherchait déjà.

Mon père l'a retrouvée et j'ai stabilisé sa souche en culture et apporté l'identification botanique avec un brevet d'obtention végétale européenne."

Quels produits vendez-vous aujourd'hui à partir de vos rosiers centifolia Baptistine ?

"La concrète est extraite des roses en usine et se divise en huile absolue pure de rose et cire de rose parfumée.

La distillation en distilloir de cuivre est pratiquée sur place, au jardin, avec notre eau de source de Fontaine de Vaucluse très pure et pauvre en sels minéraux. La richesse des premiers litres extraits a permis de fractionner l'hydrolat en deux qualités, dynamique et biologique :

. L'eau Riche : très concentrée, contient de l'huile essentielle naturelle en dilution, antioxydante et parfumée.

. Et l'eau Classica : très hydratante et légèrement parfumée, utilisée en cosmétique et gastronomie.

La Rose est très douce, sans aucune amertume de pétales, ouvrant largement le champ gastronomique.

Les roses congelées en froid ventilé permettent leur utilisation en différé.

Nous proposons des roses séchées pour le thé.

Nous avons une gamme cosmétique bio frais sans alcool ni conservateur : contour des yeux, crème de jour et crème de nuit.

Nous présentons un baume à lèvres."

Parlons senteurs : comment décririez-vous l'odeur de l'absolue de rose issue de vos récoltes ?

"Ma rose est une rose de coeur.

Humer l'absolue facilite la méditation car elle écarte les parasitages et soutient la concentration nécessaire à l'ouverture de l'esprit. Mon absolue est millésimée, elle a le droit d'être un peu différente d'une année sur l'autre, contrairement à la production industrielle qui vise à produire des matières premières à l'identique, ce qui oblige à mélanger les millésimes.

L'absolue est puissante et stable, sans véritable note de tête, elle développe son bouquet en notes de coeur chaudes et offre de la profondeur en notes de fond.

L'éblouissement est son sillage tel un souvenir d'enfance heureuse."

Avez-vous des produits, projets, dates qui vous tiennent à coeur et dont vous aimeriez nous parler ?

"La récolte dure tout le mois de Mai jusqu'au 10 Juin.

Venez partager ces moments.

Dans le cadre des rendez-vous aux jardins organisés par le Ministère de la Culture, nous aurons sur le thème de la ballade un concert de Gianfranco Buffa au piano samedi 6 Juin à 21 h.

Tout l'été, la visite des jardins se poursuit avec dégustation de thés aromatiques glacés, bouchées gourmandes, biscuits, sorbets et Champagne à la rose.

Vous retrouverez ces produits sur le site http://www.lesartsdelarose.com et son histoire sur http://www.rosedesarts.com"

 

Merci beaucoup Roseline.

Pour ma part je suis ravie d'avoir fait l'acquisition de quelques millilitres d'absolue de rose centifolia Baptistine.

Celle-ci sera présentée, en plus des huiles essentielles et absolues de rose de Damas, parmi les matières premières lors du prochain atelier des Parfumeurs Amateurs consacré aux soliflores (le dimanche 14 juin 2015) et les participants à l'atelier collectif à l'année auront aussi l'occasion de faire connaissance avec elle.

Je rejoins Roseline quant à la linéarité de sa rose centifolia Baptistine, douce, miellée, pétale, évoquant un après-midi ensoleillé et paisible, dans un jardin de rosiers en fleurs.

Plusieurs mots me viennent, loin des analogies concrètes censées permettre de qualifier et cerner les odeurs : consolation, innocence, fragilité, pureté... alors on va se calmer et passer à la photo !

Rose centifolia Baptistine de Roseline

Ci-dessus, une rose Centifolia Baptistine en provenance de Roseline Giorgis.

 

Les deux photos de cet article sont publiées ici avec l'aimable autorisation de Roseline Giorgis.